Les apiculteurs français sont furieux. Alors que la récolte de miel de 2017 se révèle aussi catastrophique que celle de 2016 – elle n’atteint pas 10 000 tonnes, soit trois fois moins que dans les années 1990 –, l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) a dénoncé, jeudi 19 octobre, l’autorisation de mise sur le marché par la France du sulfoxaflor. Ce nouvel insecticide, développé par l’entreprise Dow AgroSciences, est introduit sur le marché alors que les néonicotinoïdes, en voie d’interdiction en Europe, doivent être bannis en France par la loi de reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages dès 2018 – des dérogations demeurant possibles jusqu’en 2020.
Selon l’UNAF, qui s’appuie sur plusieurs études scientifiques, le sulfoxaflor est un néonicotinoïde, mais non classé comme tel par les industriels et les agences réglementaires en Europe. Il agit, en tout cas, comme les néonicotinoïdes, en se fixant sur les mêmes récepteurs du système nerveux central.
En 2013, la Commission européenne avait décidé un moratoire interdisant trois des cinq néonicotinoïdes en usage. Une suppression définitive de l’ensemble de cette famille en Europe est à l’étude. Alors pourquoi en autoriser un nouveau en France ? « C’est honteux, scandaleux, pitoyable et irresponsable vis-à-vis des générations futures, s’étrangle Gilles Lanio, le président de l’UNAF. Je n’en reviens toujours pas ! »
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Sortis par la porte, les néonicotinoïdes rentrent-ils par la fenêtre ?
Les apiculteurs s’insurgent contre l’autorisation accordée par l’Anses à deux insecticides qu’ils considèrent comme étant des néonicotinoïdes déguisés. En estimant avoir créé une nouvelle famille de pesticides, les fabricants espèrent éviter l’interdiction prévue pour 2018.
Les membres de l’Union nationale de l’apiculture de France (UNAF) sont furieux. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a autorisé fin septembre deux insecticides, le Closer, dont l’usage est prévu contre les pucerons et cochenilles des agrumes et cerises et le Transform contre les pucerons affectant les céréales à paille et le lin. Pour son fabricant, Dow Agrosciences, la molécule active de ces produits, le sulfoxaflor n’est pas un néonicotinoïde mais un membre de la nouvelle famille des sulfoximines. Bayer Crop Science qui produit une molécule proche, la flupyradifurone, estime également avoir créé une nouvelle famille, les butélonides.
Année catastrophique pour la production de miel en France
Après les pesticides, le manque de biodiversité ou le frelon asiatique, en 2017 ce sont les conditions climatiques qui ont été défavorables aux abeilles.
« Les abeilles sont menacées d’extinction en Europe »
Trois députés européens socialistes expliquent dans une tribune au « Monde » qu’il faut interdire totalement les néonicotinoïdes en Europe et structurer la filière apicole en favorisant la professionnalisation des métiers de l’apiculture et de l’apidologie.