Bernard Vaissière (Institut national de recherche agronomique) est spécialiste de la pollinisation et de l’écologie des abeilles. A l’heure où les apiculteurs dénoncent les pertes hivernales d’abeilles domestiques, il évoque la situation des abeilles sauvages et les menaces qui pèsent sur les insectes pollinisateurs.
Des apiculteurs se sont mobilisés pour dénoncer des pertes hivernales catastrophiques. Certains auraient enregistré jusqu’à 80 % de mortalité dans leurs ruches. Cette hécatombe concerne-t-elle uniquement les abeilles domestiques ?
Nous n’avons pas de recul, ni de recensement, sur la situation des abeilles sauvages. Elles sont moins vulnérables à certaines maladies ou parasites, comme le varroa, mais d’un point de vue écologique, elles semblent plus exposées. Contrairement aux abeilles domestiques, elles sont à la fois reproductrices, butineuses et leur reine, la cellule reproductrice, n’est pas protégée par des ouvrières. Des espèces d’abeilles sauvages récoltent aussi des ressources diverses pour constituer leur nid : de la boue, des disques de feuille. Si ces éléments sont contaminés, la colonie est menacée. Les facteurs qui entraînent la réduction des insectes pollinisateurs sont multiples et les insecticides y contribuent considérablement. Il est clair, sans que nous sachions dans quelle mesure, que les abeilles sauvages sont concernées par ce déclin.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/06/14/la-france-compte-1-000-especes-d-abeilles-indispensables-a-la-pollinisation_5314847_3244.html