Contexte et problématique
La pollinisation connait une crise mondiale, qui concerne à la fois les abeilles domestiques et sauvages, ainsi que l’ensemble des insectes pollinisateurs. Les problèmes de la filière apicole a permis de sensibiliser plus largement le grand public au déclin de l’ensemble des insectes pollinisateurs. Ce déclin pose problème à la fois du fait de la contribution notable de ces insectes pour la pollinisation des cultures agricoles, mais aussi en raison de leur rôle crucial pour la pollinisation en général et la conservation des espèces végétales sauvages. Les insectes pollinisateurs sauvages sont plus efficaces et contribuent plus largement à la pollinisation que la seule abeille domestique et le service écosystémique qu’ils rendent n’est pas compensable par la seule apiculture. La prise de conscience mondiale des insuffisances de pollinisation n’a qu’une quinzaine d’années, mais l’ampleur du problème et sa forte médiatisation expliquent la diffusion rapide et large de cette nouvelle préoccupation. Cette situation explique le contexte général, caractérisé par sa perception par le grand public, son appropriation par les ONG environnementales et la recherche scientifique autour des questions de pollinisation.
Á l’échelle du territoire français, il n’existe pas d’études de ce déclin sur l’ensemble des pollinisateurs ; cependant, il existe plusieurs indices d’un déclin similaire des pollinisateurs (bourdons, papillons…), surtout dans les zones d’agriculture intensive. C’est en 2016 que le MEED (Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer) a mis en place un Plan National d’Action (PNA) pour les pollinisateurs intitulé « France, terre de pollinisateurs ». Ce PNA établit clairement que les enjeux de la conservation des insectes pollinisateurs sont majeurs et qu’ils concernent à la fois 1) la préservation de la biodiversité via les services indispensables aux équilibres écosystémiques, et 2) la préservation de la diversité des ressources alimentaires des populations humaines. Ce PNA a également établi la liste de l’ensemble des connaissances à acquérir et à consolider pour agir efficacement, et insiste sur l’action nécessaire de formation et de sensibilisation ainsi que sur l’intérêt de proposer des actions de gestion et de conservation des pollinisateurs. Il est donc urgent de mieux connaitre les pollinisateurs, les facteurs influençant leur présence comme les ressources florales et l’efficacité des mesures de gestion menées en leur faveur.
Objectifs du stage
C’est dans ce contexte que le département de l’Hérault a décidé de mettre en place des actions de gestion en faveur des insectes pollinisateurs et de soutenir des actions de recherche pour mieux comprendre les facteurs environnementaux favorisant leur présence. Ce département est situé en zone méditerranéenne et caractérisé par une diversité d’habitats allant des plages du littoral aux pelouses dolomitiques du Causse du Larzac en passant par les garrigues. Ce département est aussi marqué par une fermeture progressive du paysage par un embroussaillement menant au stade forestier du fait de l’exode rural d’après-guerre. Cependant, l’impact de cette fermeture du paysage sur les communautés d’abeilles sauvages reste mal connu, en particulier en zone méditerranéenne. Dans le cadre de sa politique de conservation des secteurs remarquables de son territoire, ce département a aussi la particularité d’avoir de nombreux Espaces Naturels Sensibles (ENS) et donc de pouvoir mener des actions de conservation en faveur de la biodiversité.
Ce cadre local explique pourquoi l’objectif de ce stage de master sera de caractériser les communautés d’abeilles sauvages le long de gradient de fermeture du paysage, en distinguant des stades herbacés, arbustifs et forestiers. Cette caractérisation sera réalisée dans trois ENS de l’Hérault par capture à la fois au filet et en pièges passifs à différents moments de l’année. Il est envisagé de tester trois types de gradients selon l’espèce forestière dominante, avec surement une forêt de chêne blanc, une de chêne vert et une de résineux (pin d’Alep ou pin noir). De plus, chaque abeille sera associée à l’identification de la plante où elle a été capturée de façon à pouvoir construire le réseau d’interaction plantes-pollinisateurs, et à déterminer les caractères floraux (nectar, morphologie, couleur, odeur…) et les facteurs environnementaux favorisant l’attraction des pollinisateurs. Grâce à une formation à l’identification des abeilles sauvages prévue en début du stage, les abeilles capturées devront être préparées et identifiées au genre pour faciliter l’identification à l’espèce par un expert. Les futurs résultats seront publiables car ils amélioreront la connaissance des abeilles sauvages de ce département et auront des implications sur les futures mesures de gestion en faveur des insectes pollinisateurs.
Profil recherché
• Master 2
• Intérêt pour la démarche scientifique et pour ses applications opérationnelles en conservation
• Intérêt pour les relations plantes-insectes
• Connaissance de la flore méditerranéenne et intérêt pour les abeilles sauvages
• Curiosité, adaptation et rigueur d’analyse pour recueillir et exploiter des données
• Autonomie sur le terrain, initiatives et capacité de travail en équipe
• Capacités relationnelles et rédactionnelles
Conditions
• Lieu : stage basé à Montpellier (laboratoire CEFE)
• Encadrement : Bertrand Schatz (CNRS, CEFE)
• Durée : 6 mois à partir de Février-Mars 2020
• Gratification de stage selon la règlementation
• Voiture personnelle (remboursement des frais) pour les déplacements dans l’Hérault.
• Permis voiture indispensable, véhicule personnel recommandé.
Si ce stage vous intéresse, merci d’envoyer rapidement votre candidature (lettre de motivation + CV) à Bertrand Schatz bertrand.schatz@cefe.cnrs.fr